La mousson on en parle beaucoup lorsqu’on vit en Inde et elle devrait commencer début juin. Depuis quelques jours le
temps a un peu changé ; il fait toujours aussi chaud, mais de temps en temps souffle un vent inhabituel qui fait penser au temps qui précède un orage. Explications sur ce phénomène
climatique...
Mais qu’est-ce que la mousson ?
Le mot « mousson » proviendrait de la langue arabe
« mawsin » qui signifie saison mais cela vient peut-être aussi du mot vietnamien « mua xuân » prononcé « mouy » suan » qui signifie « printemps ». Le
mot est en fait employé pour indiquer la saison durant laquelle ce vent, car la mousson est d’abord un vent, souffle dans le sud-ouest de l’Inde, saison caractérisée par d’abondantes chutes de
pluie.
C’est vers 72 av. J.-C. qu’un marin grec du nom d’Hippalos constata l’existence de la mousson et comprît le parti que l’on pouvait en tirer ; en effet ce vent est périodique et souffle une moitié de l’année de d’ouest vers l’est puis de l’est vers l’ouest. Ce fut le point de départ de l’essor du commerce maritime à partir de l’Egypte. Le géographe grec Strabon (en 25 av. J.-C.) raconte : « On voyait jusqu’à cent vingt navires mettre à la voile de Myos-Hormos (sur les bords de la mer Rouge) pour l’Inde ». Strabon, Pline et d’autres auteurs grecs et latins enregistrent la découverte de la mousson et le début du commerce des épices avec les entrepôts de la côte Malabar.
La mousson va aussi permettre le commerce avec l'empire romain qui daterait du 1er siècle av. J.-C. Des historiens
ont reconstitué l'itinéraire qui mène les marchands romains jusqu'en Inde. "Les marchands italiens exportaient vers ces régions lointaines, depuis la fin de l'époque républicaine, des
produits fort coûteux dont la péninsule avait le quasi-monopole, et qui faisaient la fortune des grands propriétaires fonciers (vin, notamment), on l'a vu. S'y ajoutait comme
d'habitude une cargaison d'accompagnement, faite d'une vaisselle de demi-luxe, la sigillée. Les navires partaient
de Pouzzoles pour Alexandrie. Là, après une nécessaire rupture de charge, les marchandises remontaient le Nil jusqu'à Coptos, au coude du Nil; une seconde rupture de charge les conduisait, par
des caravanes, jusqu'aux ports de la mer Rouge. [...] Une troisième rupture de charge conduisait à un réembarquement et à un long voyage maritime vers le Bab el-Mandeb
(détroit qui sépare la mer Rouge du Golfe d'Aden). Dans cette région, une partie des produits était vendue sur les côtes arabique et africaine, contre un fret de retour très précieux, fait
de parfums et d'aromates. [...] Mais une autre partie des navires mettait à profit la mousson d'été pour gagner en droite ligne, à travers l'Océan, la côte occidentale de l'Inde ou
Ceylan. Là avant de revenir par la mousson d'hiver, on chargeait surtout du poivre, dont les graines se retrouvent jusque sur les sites militaires du Rhin, à Oberaden (Allemagne, 11-9 av. J.-C.),
à Biesheim (Haut-Rhin, vers 20-70 de notre ère), où ces épices fort coûteuses alimentaient la table des grands officiers, au terme d'un invraisemblable voyage maritime et terrestre. Commerce de
luxe, sans doute ruineux pour les finances publiques, mais lucratif pour les intermédiaires, et qui avait la Méditerranée pour centre".
La mousson est donc un phénomène climatique majeur qui résulte de la variation saisonnière de la circulation
atmosphérique ; l’hiver le continent asiatique est plus froid que l’Océan Indien et c’est la saison sèche pendant laquelle les alizés circulent d’Est en ouest. L’été le continent se
réchauffe et devient plus chaud que l’Océan et les vents soufflent depuis le sud-ouest ; dans cette zone intertropicale il y a d’importantes étendues maritimes et terrestres et ce phénomène
de la mousson provient du fort contraste entre la température des continents et des océans.. Les flux d’air de la mer chargés en humidité arrivent sur le continent autant du coté ouest que du
coté est et convergent vers l’Himalaya ; cette chaîne de montagnes force l’air à se soulever ce qui la refroidit provoquant une condensation sous forme de nuages et de pluie. On peut noter
jusqu’à 10.000 mm de pluie annuelle en certains endroits (la ville de Cherrapunji , nord-est de l’Inde, a enregistré un record avec 9296 mm de pluie durant le mois de juillet 1861). Un géographe
français précise que « aucun autre bloc continental ne conjugue des dimensions aussi grandes, une configuration aussi lourde, une structure
orographique aussi favorable à la stagnation des masses d’air ».
Carte montrant les dates d'arrivée de la mousson
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Thomas 12/05/2009 08:42
Olivia et Geoffroy 12/05/2009 10:21
alain BARRE 12/05/2009 07:04
Olivia et Geoffroy 12/05/2009 15:03