Tintin et son fidèle compagnon Milou fêtent ce samedi leurs quatre-vingts ans, avec bonheur car leur rayonnement ne cesse de croître à travers le monde.
Plus de 30 ans après le dernier album d'Hergé, Tintin continue d'engranger les profits, avec deux à trois millions d'albums vendus chaque année et un film que prépare Steven Spielberg.
Tintin et Milou ont vu le jour le 10 janvier 1929 dans un supplément d'un magazine belge. Peu après, "Tintin chez les Soviets" marquait le début du petit reporter à la houppe dans le monde des albums de bande dessinée.
Depuis lors, plus de 200 millions d'albums ont été vendus à travers le monde, traduits dans plus de 100 langues et dialectes.
Et après cette longue introduction, nos lecteurs se
demanderaient-ils pourquoi leur parle-t-on de Tintin dans ce blog ? Non, car nos lecteurs, triés sur le volet, ont déjà compris que le vrai sujet était Tintin et
l’Inde.
Nous avions déjà emprunté quelques images de Tintin dans ce blog, notamment lorsque nous parlions des vaches
sacrées, une réalité toujours présente à Bombay. Mias là, à l'occasion des 80 ans de Tintin, nous nous sommes plongés sérieusement (mais avec délice) dans la relation entre Tintin et l'Inde.
Hé oui car l’Inde apparaît à plusieurs reprise dans les albums de Tintin ;
la première fois dans "Les cigares du Pharaon" où il termine son
aventure chez le maharadja de Rawhaspoutalah.
Avant l'arrivée de Tintin dans ce pays, le bateau d'Allan Thompson va visiblement s'y diriger ("en route pour les Indes" dit-il à la page 12 des Cigares du Pharaon). L’Inde et le même maharadjah seront le point de départ du "Lotus bleu". Ce pays est mentionné sur une carte à la deuxième page de la version noir et blanc du Lotus bleu avec l'ancienne
appellation "Indes". L'empire des Indes était le nom donné de 1877 à 1947 aux territoires britanniques de l'Inde.
L'éléphant est très présent dans les aventures de Tintin comme sur cette image tirée des "Cigares du Pharaon".
Sur la route du Tibet, Tintin et le capitaine Haddock font une escale en Inde à New-Dehli et en profitent pour visiter la ville (Tintin au Tibet). Dans "Vol 714 pour Sydney", Chandernagor est citée par Tournesol (page 1), le docteur Krollspell est directeur de l’institut psychiatrique de New-Dehli, et une photographie d’une soucoupe volante a été prise dans cette même ville (page 61). Dans les bijoux de la Castafiore,
page 32, la Castafiore parle de sa dernière tournée aux Indes (triomphale d'ailleurs)...
Comme toujours les références d'Hergé sont solides; on sait qu'Hergé voyageait peu et qu'il n'a jamais mis les pieds dans la plupart des pays qu'il évoque dans ses
albums; mais on sait ausi qu'il réunissait une abondante documentation sur ces pays avant de les dessiner. Dans cette image tirée des "Cigares du Pharaon" on voit le pauvre Milou en grande
difficulté (mais le bon Milou est un habitué des situations compliquées) et en arrière-plan une fidèle reproduction de la déesse Shiva que nos lecteurs connaissent puisque nous lui avions
consacré un article.
Dans Tintin au Tibet (1959), à l’occasion d’une escale à New Delhi, en partance pour le Tibet, Tintin et le
Capitaine Haddock prennent le temps d’admirer le Fort Rouge et le Qutub Minar. Ils empruntent ensuite tout naturellement la compagnie aérienne Air India pour se rendre au Népal. Soucieux du
réalisme, Hergé avait initialement emprunté le nom de la compagnie Indian Airways pour l’avion de Tchang qui s’écrase au Tibet. C’était sans compter les représentants de la compagnie Indian
Airways venus se plaindre de la mauvaise publicité en faisant porter à l’avion DC – 3 accidenté le nom et les couleurs de sa compagnie. Hergé a donc dû le renommer “Sari Airways”, un nom purement
fictif mais très indien.
Mais nos lecteurs se disent peut-être comme nous ; mais pourquoi Hergé qui a
écrit un « Tintin au Tibet » n’a-t-il pas écrit un « Tintin en Inde » ?
Voilà une excellente question et on sera étonné d’apprendre qu’Hergé a écrit, ce qui est peu connu, une pièce de théâtre nommée « Tintin aux Indes ou le mystère
du diamant bleu ». Cette pièce a été écrite en collaboration avec Jacques Van Melkebeke et jouée au Théâtre des Galeries, à Bruxelles, les 15 et
17 avril ainsi que les 1er et 8 mai 1941. Le diamant du Maharadjah de Padhakore a disparu. Après un séjour chez le maharadjah, Tintin le retrouvera... en Syldavie ! Cette intrigue fut inspirée à
Hergé par la légende du diamant “Hope”, connu pour porter malheur à ses propriétaires… et ayant fait l’objet d’un article récent dans ce blog !
Une autre question se pose : Tintin est-il connu en Inde ?
Oui Tintin est connu et ses albums en anglais sont diffusés depuis longtemps en Inde ; et en 2005, les albums ont été traduits en hindi. Un jour, Hergé reçut une lettre d’un jeune lecteur de
Calcutta et se demanda « Que peut-il bien y avoir entre
Tintin, moi et ce garçon de Calcutta ? « Une relation entre deux imaginaires, sans aucun doute, mais mieux encore : un lien profond qui, lui, est bien loin d’être
imaginaire.
C’est ce que démontre le journaliste indien Sougata Bhattacharya, qui reprend les albums d’Hergé et parcourt avec nous les aventures de Tintin dans une Inde qu’il n’a pas connu : l’Inde coloniale. Il le piste non seulement quand Tintin passe dans son pays pour se rendre dans celui du « Lotus bleu », mais aussi lorsque, à deux reprises, il y transite pour aller au Tibet.
Il ne s’arrête pas à ce seul examen, et fait l’état des lieux de la notoriété du reporter belge dans le sous-continent : ses fans y sont nombreux, du grand cinéaste Satyajit Ray qui le cite dans son film » La Forteresse d’Or », à l’hommage rendu, lors de la « Lakme fashion Week » en 2005, par le créateur Indien J.J. Valaya présentant sa collection de 59 vêtements inspirée par l’œuvre d’Hergé, divisée en trois catégories : Prisoners of the Sun (d’après « Le Temple du Soleil »), le Bashi Bazouk (sic) et Tintin in Tibet. Il constate seulement que Hergé et Tintin passent le plus souvent pour des… Français, leur notoriété étant comparable à celles de Napoléon ou de François Mitterrand !
Selon M. Sougata Bhattacharya, la présence en Inde du jeune reporter à la houppe est aujourd’hui assurée par les multiples versions de ses aventures en bengali, malayalam ou tamoul. 2007 est l’année de l’Inde en France. Elle est aussi celle du centenaire d’Hergé. Cette convergence devrait suffire à justifier ce plaisant mélange des cultures qui a toujours été l’apanage, finalement, du reporter du Petit XXème.
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Bhattacharya 11/01/2009 00:43
Olivia et Geoffroy 11/01/2009 05:47