Le Fleuve de Jean Renoir 1950,
Inde-Usa.
Après sa période hollywoodienne, six films dont le dernier était un échec complet, le cinéaste décida d’arrêter toute collaboration avec les
majors pour se consacrer à des projets plus personnels. Un article dans la célèbre revue the New Yorker attire son attention sur le dernier roman de l’anglaise Rumer Goodden The River qui
inspirera le scénario de ce film.
En Inde, sur les bords d’un grand fleuve vit une famille de colons britanniques
dont les deux filles tombent amoureuses d’un jeune officier américain qui a perdu sa jambe à la guerre. Conscient de son infirmité, celui-ci refuse de répondre à cet amour et repart
seul. La vie reprend son cours au bord du fleuve comme par le passé.
C’est un premier amour, il aurait pu se passer n’importe où mais il s’est passé ici en Inde. Cela change tout, les couleurs, les sons, les images et en même temps cela ne change rien : un
premier amour est presque toujours pas le bon. Avec cette fable exotique, tournée en Inde, aux environs de Calcutta, aux bords du Gange, Renoir apparait comme un sage humaniste
désenchanté qui nous fait comprendre qu'il faut accepter la souffrance pour approcher le bonheur.
Regard plein d’humilité face à un pays immense où la spiritualité coexiste avec la misère, les conflits et les guerres.
Renoir ne peut pas nous montrer, nous expliquer cette Inde-là. Alors, il filme des étrangers qui perçoivent l'Inde telle que lui-même l'a perçue. Sans lanciers du Bengale, sans tigres et sans
éléphants, comme l’évoque le magazine Télérama « Le Fleuve est pourtant un film sur l'Inde. Mais c'est aussi du pur Renoir, ce Renoir qui disait : " Filmer, c'est connaître les hommes
et même les aimer : sinon ce n'est même pas la peine de faire du cinéma. "