Deux événements viennent de se produire en Inde dans le monde industriel.
Le premier concerne la fameuse usine que le groupe Tata construisait à Singur à 40 km de Calcutta dans l'Etat du Bengale Occidental afin d'y produire la fameuse "Nano", la voiture la
moins chère du marché (1700 €). Gros projet de 350 M USD déployé sur 400 ha afin de regrouper sur place la plupart des fournisseurs.
Certains fermiers auxquels l'Etat avait racheté leurs terres se sont "révoltés" déclarant vouloir récupérer une parie celles-ci; l'affaire a pris de l'ampleur et a dégénéré en manifestations
violentes obligeant le groupe Tata a interrompre son activité afin de protéger ses employés. Le tout ayant été manifestement atisé et récupéré par un parti politique local et par la
très "magnétique" Mamata Banerjee. Le ton a monté entre le groupe Tata et le gouverneur de l'Etat essayant de calmer le parti politique agitateur...
Ratan Tata lors de la présentation de la Nano en janvier dernier
Finalement le groupe Tata semble être arrivé au point de rupture et envisage le démantèlement de son usine et sa relocalisation dans un Etat plus calme, privant ainsi le pauvre Etat du Bengale
oriental de milliers d'emplois et même le Sri Lanka se portait volontaire pour accueillir le futur site de la Nano ! D'autres groupes industriels, qui avaient des projets d'investissements
dans ce même Etat, viennent d'annoncer qu'ils préféraient investir ailleurs.
Le second événement est différent, plus suprenant et plus dramatique ! Il a lieu pas
loin de New Delhi et concerne la filiale indienne d'un groupe industriel italien. A la suite d'actes de vandalisme, la société licencie des ouvriers. Ceux-ci n'acceptent pas la sanction
et une centaine ouvriers envahissent l'entreprise et après une rencontre orageuse avec le dirigeant indien le massacre avec des barres de fer ! Quatre cadres italiens de passage
échappent miraculeusement à la mort. Le ministre du travail a fait une première déclaration en disant qu'il s'agissait d'une"leçon donnée au patron pour qu'ils traitent mieux leurs
salariés". "Les travailleurs doivent être traités avec compassion. Ils ne doivent pas être poussés à bout, au point qu'ils fassent ce qui s'est passé à Noida", a t-il
poursuivi. Il a été jusqu'à a expliqué que cela devait "servir d'avertissement aux cadres dirigeants", comme on a pu le lire dans toute la presse indienne.
Le milieu patronal n'a pas bien réagi à cet avertissement. La Chambre de commerce s'est dite sidérée par ces propos. Elle se demande comment le gouvernement indien peut encore espérer attirer des
investisseurs si elle ne condamne pas un tel meurtre. Des chefs d'entreprise indiens ont dit que cette affaire allait salir la réputation du pays auprès des entreprises internationales. Face à
ces réactions, le ministre du Travail s'est finalement longuement excusé hier. Il s'est dit "désolé" si ses propos avaient blessés des gens. "Je souhaite qu'il règne un
climat de paix dans nos entreprises avec des ouvriers contents", a t-il expliqué aux journalistes. Il a ajouté que "rien ne justifiait un tel
acte".