Depuis l'annonce en début de semaine de la faillite de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers, la Bourse de Bombay est en baisse. Ce matin, elle a même chuté de près de 5%. Et
lundi, elle avait été l'une des premières à réagir à cause du décalage horaire et du fait que les autres bourses asiatiques étaient fermées pour cause de jour férié. La roupie dégringole aussi.
Elle est au plus bas depuis trois ans.
Conséquence directe de la banqueroute de Lehman Brothers, la plus grande banque indienne de crédit ICICI va perdre environ 58 millions d'euros. C'est ce qu'avait investi sa
filiale britannique dans la banque d'affaire américaine.
Comme dans le reste du monde, cette crise touche les employés de Lehman Brothers. Ils sont 2500 en Inde, qui avaient
été embauchés ces trois dernières années. Ils vont pouvoir chercher un nouvel emploi...
Mais en tout, ce sont au moins 25 000 personnes qui pourraient se retrouver au chômage. L'Inde est en effet souvent surnommé le "bureau du monde"
du fait que les entreprises de service, et plus particulièrement les banques, y délocalisent une partie de leurs activités. Si elles vont mal, tous ces contrats avec l'Inde risquent donc d'être
revu à la baisse. Pour l'heure, les chiffres avancés ne sont cependant que des estimations. Il va falloir attendre pour connaître les répercussions à plus long terme.
Comme on pouvait le lire hier dans le Times of India, "L'Inde tremble quand les Etats-Unis sont secoués". Jusqu'à récemment, l'Inde se croyait imperméable aux
crises boursières mondiales à cause d'une croissance très forte et d'une économie en pleine expansion.
Mais l'économie indienne, même en forte croissance, est marquée par une forte volatilité et notamment de ses indices boursiers. Ici autant qu'ailleurs on spécule, on joue, et on espère des
profits rapides. Ce qui n'aide pas c'est une presse économique assez sensationnaliste qui n'hésite pas à publier de fausses informations, de faux taux, de fausses données. Dans les maux actuels
cela fait évidemment penser à ce slogan d'un hebdomadaire parisien : "le poids des maux, le choc des faux taux" !
Cela étant, le système bancaire indien est sain, et les indiens voient maintenant les pays développés comme nous voyions les pays émergents il y a quelques années. Dans les années 80 et
90 les banques "occidentales" avaient été secouées par les "risques pays", qu'il s'agisse du Brésil, de l'Argentine, de l'Asie, de la Russie etc... C'est bien le monde à l'envers
aujourd'hui et on se demande, dans le monde financier, où se trouvent maintenant les "bonnes pratiques" ?
Ce qu'il y a de certain c'est que cette crise traduit la défaillance du régulateur américain qui a été incapable de prévoir et donc de prévenir la crise des sub-primes et ses conséquences.
L'Inde reste un pays à très forte croissance (comme la Chine) mais son économie, pour des raisons structurelles, restera encore marquée par une forte volatilité. Le seul changement fondamental,
conséquence de cette crise, est que les USA ne seront plus regardés comme la "référence" ou le temple de la finance. Et il est vain de croire qu'il suffira de débarasser le Temple de ses
marchands. En ce sens, cette crise fait grandir l'Inde et d'autres pays émergents.
NDLR : Illustration originale faite par Geoffroy aux multiples talents !!!
Olivia 23/09/2008 10:03
Richard Christine 23/09/2008 08:41