Nous sommes rentrés ce soir de Delhi.
Les journaux continuent de consacrer plusieurs pages aux attentats. Ce matin mes rendez-vous avaient lieu à l'un des endroits où une bombe a explosé et on enlevait les dernières carcasses, sous
l'oeil digne et compassé des passants dont l'attitude traduisait tristesse et impuissance.
Nous n'avons vu qu'une petite partie de la ville ; samedi soir nous voulions sortir mais dans cette atmosphère de panique générale, nous avons été fermement priés de rester à l'hôtel. Dimanche
nous avons déjeuné avec notre ami Himmat et sa femme, et dimanche soir avec un cher ami français, Frédéric, qui est arrivé début juillet à Delhi, et où l'on a pu échanger nos premières
impressions.
Ce qui nous frappe dans ce moment tragique c'est l'absence de réaction "nationale". On aurait pu imaginer le premier Ministre s'adressant à la nation, ou bien l'ensemble des partis politiques
appelant à une grande marche de protestation, ainsi que cela s'est fait récemment en Espagne. Rien de tel ici. Seuls les journaux expriment ce que ressentent les gens. Les grands événements,
tragiques ou gais, sont souvent l'occasion pour un pays d'exprimer sa solidarité ou sa fierté nationale, et toute nation a besoin d'exprimer collectivement ses émotions. Mais rien de tel et
cela nous parait peu compréhensible.
La nation indienne existe pourtant bel et bien, mais sans doute existe-t-elle à travers tant de divisions et de sub-divisions, qu'il lui est peu naturel de se retrouver tout entière une et
unie.